Rana Raouda ou le bonheur par la couleur
Elle est née peintre, comme d’autres naissent musiciens ou poète. Enfant elle décrivait les paysages, les hommes, les bêtes et les plantes par leurs seules teintes. Elle a peint la couleur dans la grisaille sanglante d’une interminable guerre civile. Refusant l’horrible, pour ne voir que la beauté des montagnes du Liban, des verts tendres de ses cèdres centenaires, eternels résistants à la bêtise des hommes, des toits rouges des antiques maisons à arcades, des bleus irisés de la chaude méditerranée, des roses orangés des coucher de soleil. Dire le terrible par le beau, exprimer le gris par la lumière et le noir par la couleur, voilà sa vocation, son credo, sa réussite.
Elle nous entraîne dans la généreuse profondeur de ses rêves de beauté et de paix. Si sa peinture se rattache aux grands abstraits, ses maîtres, c’est pour mieux s’en détacher. Quoi de plus reconnaissable qu’une de ses œuvres ! Quoi de plus fascinant que de se laisser entraîner dans ses paysages intérieurs, d’ouvrir l’une des fenêtres de sa belle intimité, de se laisser porter par ses volutes de lumières. A l’instar d’une cathédrale gothique, d’une symphonie fantastique ou d’une suite de Bach, une toile de Rana nous hisse vers un indicible sommet.
Raphael Toriel
Annecy, 2008